Après un premier tome consacré au rapport à soi, c'est naturellement que le tome 2 de « Et par elles, vous vivrez ! » aborde le rapport à un autre que soi.
Communiquer, lier, partager, transmettre, unir : tel est, en quelques mots, le programme de ce deuxième volet.
Les relations inter-personnelles sont ainsi d'abord présentées. Dans cette partie comme tout au long de l'ouvrage, le lecteur trouvera maints enseignements des Sages d'Israël, anecdotes tirées de la vie quotidienne, directives et conseils qui l'aideront à se faire une idée juste de ce qu'est une relation à l'autre positive.
Et puis, comment parler de relation à l'autre sans aborder le mariage ? Ainsi, le mariage et le projet éducatif tiennent une place importante dans cet ouvrage. Les thématiques abordées permettent de planter les bases saines d'un couple en devenir, ou encore de donner un second souffle à un couple déjà formé et qui aspire à un niveau de complicité supérieur. Enfin, le lien parents-enfant, et pour commencer la spécificité du monde de l'enfance, sont détaillés sous plusieurs aspects fondamentaux.
Ce livre, écrit pour l'élévation de l'âme de Rav Yossef 'Haim Sitruk zatsal, a été chaudement recommandé par son fils le Rav Yakov Sitruk, par Rav David 'Hanania Pinto, par Rav Azriel Cohen-Arazi et par Rav Avraham Taieb.
Si vous souhaitez découvrir l'ouvrage, n'hésitez pas à consulter ce lien.
En voici d'ores et déjà un extrait. Il est tiré du tout-dernier exposé dont le titre, inhabituel, n'en reste pas moins teinté de vérité : Le respect dû aux enfants. Bonne lecture !
Il était un couple de villageois qui n’avait jamais eu d’enfants. Ils décidèrent de rendre visite à Rabbi Israël, le célèbre Maguid de Koznits, afin de lui confier leur peine.
Celui-ci les reçut et leur donna sa bénédiction.
Au bout de quelques mois, la femme tomba enceinte. Hélas, peu après l’accouchement son enfant tomba malade. Il s’affaiblit rapidement, au point que ses parents se mirent à craindre pour sa vie. La femme supplia son mari de retourner à Koznits. Là, Rabbi Israël assura à l’homme que le couple n’avait pas à s’inquiéter. Bientôt, avec l’aide de D.ieu, leur enfant guérirait.
Dans les jours qui suivirent, l’état de l’enfant se dégrada considérablement. Malgré les paroles apaisantes de Rabbi Israël, les parents étaient rongés par l’inquiétude. Jour et nuit, la mère restait au chevet du nouveau-né, assise sur une chaise. Quand il lui arrivait de s’assoupir, elle ne restait jamais endormie très longtemps. Malgré l’épuisement, elle le veillait avec tout le dévouement dont une mère est capable.
La voici qui émergeait justement d’un demi-sommeil, quand soudain elle sursauta. Devant elle se tenait un soldat en uniforme. Penché vers l’enfant, il était en train de verser le contenu d’une fiole dans sa bouche. La mère poussa un cri strident, au son duquel le soldat disparut comme par enchantement.
Alerté par le bruit, le père accourut dans la chambre. En avisant sa femme en état de choc, il s’employa à la calmer et à la rassurer. Quand elle fut en état de parler, elle lui révéla l’étrange apparition. Il l’écouta attentivement, ne sachant pas trop quoi penser de l’étrange récit.
Le lendemain matin, l’enfant se sentait mieux. Les jours suivants, son état ne cessa de s’améliorer jusqu’à la guérison complète.
Pourtant, un doute sourd jetait une ombre sur la joie des parents. La mère en particulier se sentait anxieuse. Elle ne cessait de penser au mystérieux soldat. Qui était-il : était-ce un sorcier, un fantôme, un démon ? Face au trouble persistant de son épouse, le mari se résolut à repartir pour Koznits.
Lorsque Rabbi Israël entendit toute l’histoire, il se contenta de rassurer le père de famille avec affabilité. Mais à peine avait-il pris congé que le visage de Rabbi Israël changea. Visiblement préoccupé, il appela son bedeau.
— Rends-toi au cimetière sans tarder. Emporte ma canne avec toi. Tu l’utiliseras pour taper sur la tombe que je vais t’indiquer. Tu diras alors à son occupant que j’aimerais le voir.
Le bedeau s’exécuta. Peu de temps après, un soldat en uniforme se présenta chez Rabbi Israël.
— Qui donc t’a nommé médecin des enfants ? demanda Rabbi Israël à brûle-pourpoint. N’es-tu pas soldat ?
— Je l’étais en effet, Rabbi. Laissez-moi vous raconter mon histoire.
Après mon enrôlement dans l’armée russe, je m’éloignai progressivement de mes racines juives. Bientôt, je devins semblable à mes camarades de régiment. Je parlais comme eux, je mangeais comme eux, je me comportais comme eux, grossièrement, sans retenue. Tout ce qui restait de mon judaïsme c’était mon nom, que j’avais tenu à conserver envers et contre tout.
Un soir où je patrouillais avec quelques camarades, nous croisâmes un Juif. Nous l’encerclâmes, le fouillâmes et tirâmes de sa poche soixante-quinze roubles. Après l’avoir dépouillé de son argent, non contents de notre méfait, nous commençâmes à le rouer de coup, ce qui nous fit beaucoup rire.
Puis nous redevînmes sérieux, devant le dilemme inévitable qui se posait à nous. Fallait-il laisser repartir cet homme ? Si notre commandant venait à apprendre l’incident, nous serions gravement sanctionnés. Nous ne pouvions courir ce risque et prîmes donc la décision de pendre le malheureux. Mais au moment de mettre notre sinistre plan à exécution, je sentis quelque chose s’éveiller en moi. Une sorte de gêne, une émotion, un écho lointain qui commençait à ébranler mon cœur. Mon âme juive semblait revivre. Et alors que mes camarades juraient et riaient face à mon pauvre frère qui se balançait au bout d’une corde, je me sentais bouleversé. Tout mon être rejetait l’acte horrible dont je venais juste de me rendre complice.
Sur le chemin de la caserne, mes camarades continuaient à plaisanter tapageusement. Je profitais d’un instant d’inattention pour leur fausser compagnie. En toute hâte, je retournai sur le lieu du crime et détachai ce Juif. J’essayai même de le ranimer, dans un élan d’humanité désespéré. À mon immense surprise, il vivait encore. En fouillant dans mes poches, je trouvai même ses soixante-quinze roubles — comment avais-je pu m’approprier cet argent de l’infamie ? — et les lui rendis.
Entre-temps, mes camarades étaient arrivés à la caserne. Lors de l’appel, mon absence fut aussitôt remarquée. Le commandant en demanda la raison à mes camarades. Ils ne surent quoi lui répondre. Afin de donner le change, ils se portèrent volontaires pour partir à ma recherche.
Pour ma part, j’étais resté sur place, intensément perturbé par les pensées contradictoires qui se déchaînaient en moi. Mes camarades ne tardèrent pas à me rejoindre. Ils s’aperçurent que le Juif que nous avions pendu n’était plus là et comprirent que je l’avais sauvé. Sans aucune pitié, ils se saisirent de moi et me pendirent à sa place, après quoi ils revinrent à la caserne et arguèrent que je devais sans doute avoir déserté lâchement.
Après ma mort, je comparus devant le Tribunal céleste. On ne savait pas quoi faire de moi. D’un côté, je ne pouvais pas être envoyé au Gan 'Eden car j’avais beaucoup fauté. De l’autre côté, je ne pouvais pas être envoyé au Guehinnom car j’avais sauvé la vie d’un Juif et l’avais même payé de ma propre vie.
Finalement, on me dit que j’aurais besoin de grands mérites avant de pouvoir entrer au Gan 'Eden. Pour les acquérir, on me renvoya ici-bas afin d’y soigner les enfants.